Voyager, c’est partir à la découverte de l’autre. Et le premier inconnu à découvrir, c’est vous.
Oliver Föllmi
J’y suis, nous sommes la veille du grand départ. Terminé le fait de compter les dodos, de penser à quelles choses je voudrais faire une dernière fois avant de partir, le départ c’est demain.
C’est donc l’occasion de faire le point sur ces préparatifs et sur mon état d’esprit avant de faire le grand saut et de monter dans cet avion pour plus de 10 heures de vol.
Les bagages
Les gens qui me connaissent savent que j’ai pour habitude de ne jamais voyager avec un bagage en soute. Japon, Costa Rica, tour d’Europe en train, je suis une habituée du sac à dos avec le strict minimum pour pouvoir être libre et éviter toute sorte d’encombrement. Seulement, tu te doutes bien que partir 2 ans au Canada demande un peu d’anticipation, surtout quand on connait les Températures d’hiver.
Initialement partie pour ne prendre qu’une valise en soute, ce sont finalement 2 valises qui m’accompagneront dans ce voyage. Difficile de résumer sa vie à 23 kgs… J’ai donc anticipé en prenant des affaires pour pouvoir faire des couches pendant l’hiver et des vêtements d’été au cas où je me décide d’une destination temporaire dans un pays plus chaud. Concernant les vêtements techniques, je ne prends toutefois pas de parka, je l’achèterai sur place avec les bottes car les vêtements au Canada sont bien plus adaptés à leurs conditions climatiques que les vêtements que nous connaissons ici.
J’ai donc décidé de partir avec :
Vêtements
– ma tenue de ski incluant gants
– des vêtements techniques pour les sous couches : haut et bas du corps
– 3 jeans
– 5 pulls + 1 polaire
– 1 veste
– veste et pantalon technique de pluie
– 2 pantalons de rando
– 3 leggings
– 4 shorts
– 1 veste chaude en sous couche
– 2 robes
– 4 shorts
– 6 tee-shirt
– 1 chemise
– 2 paires de baskets
– 2 paires de chaussures de rando (basses et montantes)
– sous vêtements
– 1 maillot de bain
– casquette
– trousse de toilette y compris des crèmes adaptées pour le froid type Homéoplasmine
– lampe frontale
– bâtons de marche
Effets personnels
– PC portable
– appareil photo et 3 objectifs
– 4 doudous (eh oui, même à 32 ans !)
– câbles
– ouvre-boite
– bonbons
– passeport et papiers pour la douane (attestation d’assurance, preuve de fonds, attestation de vaccination
– écouteurs
– tablette pour lire des livres
– perche Djii pour filmer
– médicaments
– clé USB
– multiprise et adaptateurs
– 2 livres
– 2 carnets pour journal de bord
– photos des proches en polaroid
– trépied
– quelques dollars canadiens pour faciliter les premières dépenses
Et le moral alors ?
Je sais que ma décision suscite pas mal d’admiration autour de moi, celle d’oser franchir un cap, d’oser tout reconstruire ailleurs, oser tout déconstruire ici, oser quitter sa stabilité. Toutefois, dans ma tête c’est un peu plus nuancé que ça. D’abord, je pense que personne à part ceux qui ont déjà vécu une telle aventure ne peut comprendre ce qu’on vit quand on décide de partir.
Premièrement, parce que pour le commun des mortels, je suis actrice de mon choix et donc si je le fait, c’est parce que je l’ai décidé. Et c’est vrai.
Ensuite, parce que pour beaucoup, ça semble simple me connaissant. Je suis aventurière, avec l’habitude de me lancer des défis plus gros les uns que les autres, alors c’est forcément facile. Or pas tant que ça.
Oui j’ai pris la décision de partir, pour des raisons que j’expliquais dans mon article précédent. Mais pour autant, j’ai l’impression d' »enterrer » une vie ici. Je sais – par l’expérience de l’introspection personnelle – que la personne que je suis aujourd’hui aura évoluée dans 2 ans. Et je sais que ce qui m’anime aujourd’hui, que les gens qui m’entourent à ce jour, que mes aspirations actuelles auront changés. Partir dans ce genre d’aventure, c’est avoir le courage et l’audace de sortir de sa zone de confort, mais c’est aussi se découvrir davantage dans un environnement inhabituel. Et je ne suis pas certaine que ce qui m’intéresse aujourd’hui chez l’humain ou mes goûts d’aujourd’hui seront identiques à l’avenir. Et ça, ça ne rend pas simple mon départ sur le plan émotionnel. Je sais ce que je quitte mais pas ce que l’avenir me réserve combien même j’ai de nombreuses certitudes sur mes capacités à la résilience et au rebond.
Je quitte aussi mon cocon, dans ma maison, mon chien. Le temps passe et je sais que tout peut être amené à évoluer rapidement.
Quand je parlais des bagages, je disais que ce n’était pas simple de faire entrer une vie dans une valise. Ca signifie laisser derrière soi des souvenirs, des bibelots qui nous sont chers, des habitudes. La manière dont je me sens, c’est exactement comme quand on termine un livre et qu’on doit lire le prochain. Sauf que mon prochain livre ne contient que des pages vide et que l’auteure : c’est moi.
Finalement, ça déboussole et en même temps c’est une décision tellement excitante où l’inconnu et les certitudes se mélangent. A vrai dire, je crois que je ne réalise pas encore tout à fait ce que je suis en train de faire. J’ai choisi Vancouver comme point de départ pour rayer un voyage dans ma bucket list. Le fait d’être accompagnée le premier mois m’aidera sûrement un peu à prendre mes marques et mon aventure démarrera véritablement mi-octobre lorsque je me retrouverai seule face à moi-même.
Mon avion est dans quelques heures et marquera le début d’un tout nouveau chapitre…